Spectacle, dimanche 9 avril 2017 à 17 heures
Pierre Flory : Claude Gueux (d’après Victor Hugo)
« Au coin du feu » Au Point Info – Rue Lucian Duc – Valaurie
Il était une fois… une histoire simple
D’abord, il y a lui, Claude. Bon ouvrier, capable, intelligent, travailleur, aimant. Très aimant même, envers sa femme – sa maîtresse, soyons exacts – et son enfant. Une fille, un garçon, l’histoire ne le dit pas. Mais poursuivons. L’ouvrage manque, c’est l’hiver, Claude vole.
Pour mettre un peu de feu dans le foyer, un peu de pain sur la table. Quoi qu’il vola, la sentence fut celle-là : trois jours de pain et de feu pour la femme et l’enfant.
L’histoire commence ici. À Clairvaux où il est emprisonné. C’est ici qu’interviennent les autres. Le directeur de l’atelier, qui lui raconte volontiers que sa femme s’est faite fille publique. Que son enfant, on ne sait pas. Puis il y a Albin, l’ami si cher, celui qui rend acceptable l’espace exigu des quatre murs. Et les autres. Les prisonniers, sur lesquels l’aura de Claude est si grande. Ceux qui l’écoutent et ne le contestent pas.
Revenons à Claude. Claude Gueux. Qui de détenu modèle condamné pour un vol mineur finira la tête tranchée pour le meurtre du fonctionnaire qui un jour décida de le séparer de son ami.
Quand le destin s’emmêle… Que s’est-il passé ? Qu’est-il arrivé à cet homme au si fort charisme, cet homme intelligent et doux, celui que les prisonniers les plus durs écoutent et respectent. Celui dont on ne remet pas en cause le jugement ni la décision. Celui qui a volontairement choisi d’appliquer sa justice au prix consenti de sa propre vie.
C’est cette rupture, ce glissement, qui va être raconté ici. Un glissement né du harcèlement d’un homme tenu sous le pouvoir d’un autre. D’un quotidien rendu plus dur encore par l’arbitraire et les tracasseries qui peu à peu prennent une dimension obsessionnelle dans l’esprit du prisonnier à qui l’on ôte le peu de repères qui lui restaient.
Davantage que le pamphlet contre la peine de mort, c’est la dénonciation de l’univers carcéral, l’exhortation à l’éducation du peuple plutôt qu’à la répression qui habitent ce texte écrit par Victor Hugo en 1834 juste après la parution du « Dernier jours d’un condamné », c’est le lent glissement vers une personnalité nouvelle née de l’enfermement qui intéresse ici le conteur. Prisonnier de quatre murs, harcelé, dépouillé de ce qui lui tient le plus à cœur mais aussi prisonnier de son image, une image forgée entre ces murs, Claude ira jusqu’au bout.